dossier de janvier:

Biographies et

évolutions de vie

1. Contempler notre histoire personnelle...
2. Comprendre sa vie pour mieux la réussir
3. Oser se refaire une morale
4. Changer en 2023 ?

Le grand témoin

L’histoire’... ce mot qui peut nommer à la fois la connaissance du passé, notre évolution à travers celui-ci et sa représentation par les moyens dont nous disposons, notamment les arts et les récits... Il y a la grande histoire et l’histoire de chacun, question d’échelle bien sûr.

Notre histoire personnelle est le grand témoin de la façon dont nous "sommes au monde", dont nous prenons soin. Elle contient dans sa douce coquille, ses méandres, son merveilleux univers, toutes les expériences rencontrées en chemin et ce que nous en avons fait. Précieuse et volatile… comme la mémoire. Si le moment où nous expérimentons est bien le présent, rien ne nous empêche de revenir sur nos pas, de répéter, de faire le bilan, de transformer certaines choses. Ses circonvolutions et son sens demeurent nôtres jusqu’au moment où nous les partageons.

Dé-livrer

Il est si important de contempler son histoire personnelle avec beaucoup de bienveillance et de reconnaissance… Elle est notre base, notre fil conducteur, notre chaos et notre dépassement… elle est tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes. Ce qui nous ressemble et nous rassemble. Aucune n’est complètement la même ni totalement différente.

L’écrire, la peindre ou la mettre en scène ne tient qu’à nous. Pourquoi ? Pour laisser trace et transmettre ? Réparer et dépasser ? Relire et faire le bilan ? Ranger ses placards ? La démarche de mettre l’histoire personnelle en récit propose de se livrer pour dé-livrer. Offrir sa propre mise en liberté ! Gardons néanmoins à l’esprit que cela demande quelque courage de repasser aussi par les chemins ombreux et difficiles. Il en faut, donc, de l’audace, de la volonté et de la belle confiance. Pour respecter et magnifier ce qui fut, ce qui est là aujourd’hui et ce qui demain pourra se lire autrement, chacun à notre manière.

Sens et vie

Pas besoin d’avoir accompli de très grandes choses à l’échelle de la société pour vouloir exprimer les pièges déjoués, les alliances passées, les joies, épreuves et bonheurs traversés, le ciel et la terre remué… pour une cause, pour la gloire, pour l’amour ou pour la liberté. Valeur inestimable du récit unique, œuvre d’un être vivant et célébrant sa vie.

On peut laisser autour de soi et de tout des marges nécessaires, souples et mouvantes, qui nous protègent et nous conviennent pour le partage. Ajuster la forme. Raconter, c’est mobiliser ses ressources, se mettre en mouvement, s’engager dans une démarche, être et avoir en-vie, dépasser peurs et freins. Trouver son sens, de la source à l’estuaire.

Un besoin humain d'autosatisfaction

J'ai tendance à penser que la plupart des désirs humains peuvent se résumer en un objectif principal: réussir sa vie. Car tout organisme vivant semble posséder en lui-même une sorte de boussole, qui le guide vers l'objectif qui semble lui convenir le mieux et lui fait fuir autant que possible tout ressenti de douleur ou d'insatisfaction.

Chez l'être humain, le désir de réussir sa vie se complique d'un entrelacs de ressentis physiques, psychiques, émotionnels, énergétiques, sociaux, moraux, religieux ou spirituels, entre lesquels il est souvent difficile de choisir. Et il se permet même de vouloir des choses que sa nature n'avait pas forcément prévu. Les objectifs varient aussi en fonction de l'âge qu'on a: chez l'enfant, besoin prépondérant de jeu et d'affection; chez l'adolescent, rêves de passions et de missions; pour le jeune adulte, recherche de réussite sociale; pour l'adulte plus accompli, besoin de se sentir vraiment utile et enfin d'écouter de plus en plus son âme et celle du monde..

Mon expérience d'autobiographie

Pour m'y retrouver moi-même, j'ai ressenti le besoin, vers mes 70 ans, de reprendre en écriture le fil de ma vie depuis ma naissance. J'ai choisi de faire à peu près année après année, à l'aide de repères amassés, de mes souvenirs, et de mes photos. Cela m'a permis d'abord de me réjouir d'y voir une dynamique permanente, entre mes désirs d'expérimenter, des désillusions inévitables, mais des capacités de rebonds tout autant systématiques.

Pour ce qui est des déceptions, et donc des sentiments d'échec, les constatations permettent de cultiver le  sentiment d'humilité. Et si on arrive à se pardonner ses erreurs à soi-même, on saura aussi pardonner celles des autres.Au niveau des rebonds, j'ai eu la bonne surprise de voir que je m'étais trouvé des capacités de réussite que je n'aurais pas pu imaginer enfant. Comme si nos progrès pouvaient être infinis en prenant diverses directions.

Des enseignements enrichissants

Une analyse un peu critique m'a permis aussi de voir que j'avais perdu beaucoup de temps à courir après l'attention ou l'affection sécurisante des autres. C'est le piège favori dans lequel tombent facilement les êtres humains, sous le couvert souvent d'une bonne conscience fallacieuse. Y voir plus clair conduit à mieux s'investir soi-même. La distanciation que ça m'a obligé à opérer a peut-être été aussi à la source d'un autre type de regard sur les autres. À m'aider à transformer une attirance envieuse pour l'extérieur par une capacité de contemplation plus admirative et une attitude d'émulation plus fraternelle.

Enfin, bref, revoir ma vie m'a permis de la sentir plus complexe que ce que je croyais, à la fois compliquée et riche, et certainement en besoin d'évoluer encore beaucoup. J'espère qu'après ma mort j'aurais d'autres occasions d'améliorer la construction de moi-même. Car, malgré tout ce que j'ai pu apprendre, je me sens encore bien petit par rapport à tout ce qui me peut rester à devenir.

Un tremplin pour repartir

Il m'arrive parfois d'aider quelques autres à essayer d'y voir plus clair dans leurs évolutions d'existence. C'est toujours à travers les péripéties de leur vie passée, qui témoignent de leurs recherches de réussites et d'accomplissements personnels. Revoir sa biographie peut être rapide ou assez long ou même jamais parfaitement fini. Mais c'est toujours un travail profitable qui permet de mieux se connaître soi-même. On s'aperçoit alors que la vie est rarement un paradis abouti, mais plutôt une succession d'expériences, d'épreuves et d'apprentissages. Plus ou moins heureux ou douloureux. Plus ou moins simples ou complexes à comprendre. C'est pour ça qu'il vaut mieux le faire d'abord pour soi avec un esprit de recherche sincère. Plutôt que d'espérer en faire un bestseller pour des héritiers admiratifs. En tout cas, à la sortie, ce type d'autobiographe devient surtout une base et un tremplin, capable de vous emmener ensuite, vers des avenirs insoupçonnés.

Des mémoires embarrassantes

Quelqu'un se souvient: dans son enfance: il ou elle allait à l'église le dimanche parce que ses proches y allaient. Il s'y racontait des notions de péchés, de "choses pas bien", mais aussi de droit chemin. Il/elle n'avait pas trop d'"outils" pour s'éclairer l'esprit à propos de ces notions. Pas grand-chose, sinon lui-même, son intime, son milieu familial, son milieu social…: ces environnements qui alternaient cris inopinés et grands silences.

C'est avec tout ça que cette personne a dû se faire un monde et tenter de grandir.

Plus tard, que raconter de soi, que se raconter à soi-même, sinon cette mémoire d'un monde que l'on perçoit comme originel, puis dont on a tenté de faire "quelque chose plutôt que rien", tiraillé entre interdits/tabous et autorisations de transgresser? 

Retrouver une spiritualité

Qu'est-ce que le spirituel? Une notion d'en haut? On pense au ciel, il y aurait ceux qui y croiraient et les autres. Et si le spirituel relevait d'abord de cette autorisation de s'élever, désir de s'en sortir, d'aller chercher autre chose de la vie, et encore plus avec d'autres qui le voudraient aussi.

Qu'est-ce qui pourrait faire figure d'élément déclencheur: des lectures, des rencontres, un événement sentimental?

Il vaut mieux, alors, reprendre son pèlerinage, sa marche vers le monde, où la dimension sociale ne sera plus autant entravée par la paralysie intérieure.

Les religions, les divers mouvements de jeunes, les écoles, nous ont donné à voir un monde que nous avons diversement perçu selon qu'il correspondait, ou inversement qu'il s'opposait, à notre milieu social et familial.

Des limites à franchir

Car le changement d’une habitude, avec un travail sur soi, n’est pas forcément une chose simple à mettre en place et peut avoir besoin de quelques artifices.

Car bien que nous ayons la conscience que le changement est nécessaire (sur un point ou fait précis de notre vie par exemple), rien ne se passe, l’action ne se fait pas.

Pourquoi cela ?

Plusieurs possibilités peuvent en être la cause, en voici deux exemples.

Une première cause est que la sécurité, que nous apporte le mode de vie que nous connaissons, nous rassure, car l’inconnu peut faire peur. Et la procrastination est le meilleur moyen de l'éviter: elle empêche le mouvement, nous fixe dans une paresse, dans une non-remise en question, un non-choix, une fuite par rapport à notre projet.

Il peut aussi y avoir ce que nous appelons le "jugement": que va penser l’autre si je fais ce changement dans ma vie? Au lieu d’être connecté à soi, à ses besoins, à ses valeurs, nous nous mettons en référence externe pour nous aligner à l’autre.

Mais l’autre n’est pas moi, je ne suis pas lui  L’avis des autres est seulement la vie des autres.

Un peu de planification

Pour démarrer un changement, il est parfois important de passer par l’étape planification. La routine de programmer dans son agenda des petites actions à faire au quotidien vont permettre cette mise en mouvement, pour qu’ensuite cela devienne acquis.

Voilà ce que je vous propose:

Sur une belle feuille avec votre plus belle plume, notez ce que vous ne voulez plus dans votre vie et qui ne dépend que de vous, que de votre seul contrôle. Puis, en conscience, brûlez cette feuille.

Sur une deuxième feuille, marquez ce que vous aimeriez, vos envies, vos projets, vos objectifs, avec une date de réalisation. Par exemple, en aout 2023, je pars marcher 15 jours sur le chemin de Compostelle. Car sans date le projet reste un rêve et restera dans l’immatériel, il ne se réalisera pas dans la matière. Vous pouvez aussi écrire: "je souhaite me débarrasser de ma croyance limitante sur…).

Inscrivez aussi: de quoi vous auriez besoin pour atteindre ce projet, cet objectif, ce nouveau comportement ou tout autre chose; de quelles valeurs vous disposez déjà et qui vont vous permettre cette mise en action.

À vos plumes et à vos papiers, et laissez place au changement que vous souhaitez en vous.